Face à une forte résurgence des punaises de lit, la mairie de Paris souhaite entamer un "dialogue avec les compagnies d'assurance" pour que l'éradication des nuisibles soit incluse dans les contrats d'assurance habitation. Cette nouvelle mesure devrait également permettre aux ménages les plus pauvres de traiter eux-mêmes leur logement, limitant ainsi la propagation faute de moyens financiers.

Les punaises de lit sont de retour depuis cet été

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les punaises de lit, que l'on croyait éradiquées en France depuis les années 1950, font leur grand retour dans le pays. Cette résurgence est en partie due à l’augmentation des voyages internationaux et à l’évolution de la résistance aux insecticides. Ces parasites qui creusent dans le noir montrent une nette préférence pour les chambres et les salons équipés de canapés.

Les punaises de lit sont un fléau grandissant. Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire de Paris, a mis en avant un outil important dans la lutte contre ces nuisibles : l'assurance habitation. Selon lui, « les contrats d'assurance habitation peuvent inclure le coût du traitement de ces nuisibles », un point crucial étant donné que le prix peut atteindre jusqu'à 3 000 € dans les cas les plus graves.

Le prix est trop élevé pour les ménages français déjà confrontés à une crise inflationniste, qui pourraient se tourner vers des solutions moins chères.

Les ménages paient 230 millions d'euros par an

Le coût élevé de ces traitements dissuade certains propriétaires, provoquant la propagation des punaises de lit dans les propriétés voisines. Face à cette situation, certaines personnes optent pour des solutions mécaniques, comme passer l’aspirateur sur leur matelas ou laver leurs vêtements à haute température. Cependant, ces méthodes sont souvent insuffisantes et nécessitent l’intervention d’un professionnel agréé.

"Clarifier les responsabilités entre locataires et propriétaires et dialoguer avec les compagnies d'assurance car il faut vraiment lever cette contrainte financière qui fait que beaucoup de gens ne sont pas soignés et finissent par contaminer leurs voisins", a déclaré l'adjoint au maire.

Selon Ipsos, 11 % des foyers français seront touchés par ces nuisibles entre 2017 et 2022. Un rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) révèle l'ampleur des impacts sanitaires et socio-économiques de ces ravageurs.

Dans un rapport publié en juillet 2023, l'Anses estime le coût total de cette lutte à 1,4 milliard d'euros entre 2017 et 2022, soit une perte annuelle moyenne de 230 millions d'euros pour les ménages français. Les bailleurs sociaux et les logements étudiants doivent également consacrer des moyens importants à la lutte contre ces ravageurs.

L'agence a souligné que l'infection touche tous les cercles sociaux, éliminant ainsi les préjugés. Cependant, le niveau de revenu affecte la persistance de l'infection et le coût du contrôle peut être prohibitif pour certains ménages, atteignant une moyenne de 866 € par ménage.

Conséquences sur la santé

En matière de santé, les Français ont subi des pertes allant jusqu'à 83 millions d'euros, dont des pertes liées à la qualité de vie, aux troubles du sommeil et aux effets sur la santé mentale. Les temps d’arrêt et les soins du corps sont également des éléments coûteux.

Outre les coûts financiers, les infestations de punaises de lit ont des conséquences psychologiques souvent sous-estimées. Les personnes concernées peuvent subir de graves traumatismes et même voir leur sommeil gravement perturbé. La méthode de contrôle elle-même peut être stressante et nécessite que l’individu soit activement impliqué dans le processus, ce qui peut souvent ressembler à un double coup dur.

L'Anses rappelle que que l'éradication soit réalisée par des particuliers ou des professionnels, des méthodes non chimiques, comme les traitements par chaleur sèche ou par congélation, sont recommandées. Bien que les deux méthodes soient efficaces, le traitement thermique est préférable pour traiter une pièce entière, tandis que la congélation est préférable pour traiter des vêtements ou de petits objets infectés.