Les cas de cancer en France ont doublé en 30 ans

Une nouvelle étude montre que le nombre de cancers détectés chez les Français évolue. L’augmentation significative des nouveaux cas de cancer chez les femmes a été largement attribuée à l’augmentation du tabagisme.

Les femmes ont un risque 47% plus élevé de cancer

Le nombre de nouveaux cas de cancer en France au cours des trois dernières décennies, selon une étude menée par Santé publique France, l'Institut national du cancer (Inca), le Réseau Francim des registres du cancer et le Service de Biostatistique-Bioinformatique des Hospices de Lyon (HCL) a presque doublé. Cette augmentation a été particulièrement prononcée chez les femmes et est largement due à l'augmentation du tabagisme. On estime que d’ici 2023, le nombre de nouveaux cas de cancer atteindra 433 136.

Selon l’étude publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé publique, « le nombre de nouveaux cas de cancer a doublé entre 1990 et 2023, avec une augmentation de 98 % des cancers chez l’homme et de 104 % des cancers chez la femme, toutes localisations confondues".

Le rapport donne des estimations de l'incidence des cancers majeurs en France en 2023 et examine leur évolution depuis 1990. Les données ont montré que le risque de développer un cancer chez les femmes a augmenté de 47 % au cours de cette période, contre « seulement » 20 % pour les hommes. L'âge médian au moment du diagnostic était de 70 ans pour les hommes et de 68 ans pour les femmes. Les résultats sont basés sur des études portant sur 19 des cancers les plus courants et se limitent aux tumeurs agressives.

Le comportement à risque est le principal facteur

En France, le cancer est la première cause de décès chez l'homme et la deuxième cause de décès chez la femme, après les maladies cardiovasculaires.

Les cancers les plus répandus en France sont le cancer de la prostate, du sein, du poumon et colorectal, ce qui correspond également aux tendances observées dans la plupart des pays européens.

Les chercheurs affirment que l'augmentation du nombre de cancers est largement imputable à l'évolution démographique de la France, notamment à la croissance et au vieillissement de la population. Cependant, le comportement et le mode de vie contribuent également à augmenter le risque de cancer. Comme la forte augmentation de la consommation de tabac chez les femmes.

L'écart entre les hommes et les femmes se réduit

Entre 2010 et 2023, l’incidence du cancer du poumon chez les femmes augmentera de 4,3 % par an, tandis que l’incidence du cancer du poumon chez les hommes diminuera de 0,5 % par an. La présidente de Francim, le Dr Florence Molinié, a souligné lors de la conférence de presse que le principal facteur expliquant la différence d'incidence entre les hommes et les femmes est la consommation de tabac. Elle a noté que la consommation des femmes de certaines générations a augmenté après celle des hommes, ce qui explique une grande partie de la différence.

En fait, en 1974, l'écart de consommation de tabac entre les hommes et les femmes était de 31 points de pourcentage, avec 59 % des hommes fumant et « seulement » 28 % des femmes fumant. Aujourd’hui, cet écart s’est réduit à seulement 5,7 points de pourcentage, avec un taux de tabagisme quotidien de 27,4 % pour les hommes et de 21,7 % pour les femmes.

Comme l'a souligné Norbert Ifra, directeur de l'Institut national du cancer, la situation est très préoccupante. Il a averti que la mortalité liée au cancer du poumon chez les femmes pourrait dépasser la mortalité liée au cancer du sein. Par ailleurs, d’autres types de cancer ont confirmé cette tendance à la hausse chez les femmes.

Par exemple, l’incidence du cancer des lèvres, de la cavité buccale et du pharynx a augmenté de 1,3 % chez les femmes, tandis qu’elle a diminué de 2,1 % chez les hommes. L'incidence du cancer colorectal a augmenté de 0,4 % chez les femmes et diminué de 0,5 % chez les hommes. Quant au cancer du foie, l'incidence chez les hommes est restée stable mais a augmenté de 2,2 % chez les femmes. En résumé, les perspectives pour les hommes sont plus positives, même si les taux d’incidence globaux restent plus élevés chez les hommes.